Aimer le converti dans la tradition juive

La Torah insiste sur l’importance d’aimer le Guer, l' »habitant », l’étranger.

Bien sûr, le candidat à conversion n’est pas un étranger au sens strict du terme, et la personne qui s’est convertie est juive en tout point.
Bien sûr, la Torah ne parle pas de « converti » puisqu’à son époque il n’existe pas de Beth Din au sens strict et la conversion n’a pas encore pris sa forme talmudique et post-talmudique.
C’est justement en venant habiter dans une maison juive que l’on devient juif à l’époque biblique.
Et pour être encore plus exact, il faudrait dire que l’on devient hébreu, le judaïsme ne faisant son apparition en tant que tel que par la suite.

Néanmoins, cette insistance de la Torah écrite à propos de la condition du Guer est tout à fait remarquable.
Elle souligne bien sûr l’importance du commandement de le respecter et de l’aimer.
Il est remarquable que cette injonction vienne justement s’ajouter au célèbre « tu aimeras ton prochain comme toi-même », sous la forme de l’expression « tu aimeras l’étranger comme toi-même ».

Ces répétitions expriment peut-être également le risque permanent de sous-estimer notre devoir de respect envers les personnes les plus sensibles et les moins bien représentées.

L’habitant est celui qui est d’une autre origine et vit au sein d’une société qui n’est pas la sienne à la base.
De ce fait, il est plus vulnérable, de telle sorte que nous devons prendre particulièrement soin de lui.
Comme la veuve, l’orphelin ou le pauvre, celui qui vient d’ailleurs est moins bien armé.

Le pentateuque insiste sur le fait qu’ayant été nous-mêmes étrangers en pays d’Égypte, nous devons comprendre et soutenir les « étrangers ». C’est même ainsi que se conclut la prière du Chema Israël: Je suis l’Éternel votre Dieu, qui vous ai fait sortir du pays d’Égypte pour être pour vous un Dieu, je suis l’Éternel votre Dieu. »
La sortie d’Égypte est fondatrice à la fois de la liberté juive et de sa responsabilité.

Les sources que nous reprendrons dans le prochain article sont spécifiques au Guer, à l’Autre lorsqu’il vient vivre près de moi, dans ma maison. Le respect d’autrui s’incarne également dans toutes les règles relatives aux autres cultures, toutes dérivées du premier humain, « adam harichon », premier humain père-mère de toute l’humanité, gage de l’unité de famille de toutes les cultures. A cela s’ajoute le message de Dieu à Avraham qui affirme qu’il sera une « bénédiction pour toutes les familles de la terre », insistant ainsi sur le partage de la bénédiction après des peuples dans leur diversité.

Tout au long de l’histoire juive, différentes sources soutiennent cette injonction.
Nous verrons la semaine prochaine quelques versets de la Torah qui en font état.

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