Pourquoi les hommes et les femmes sont-ils assis ensemble ?

L’égalité femmes-hommes est au coeur de la pensée libérale. Le Rabbin Yann Boissière et la commission « affirmer notre identité » ont voulu partager leur approche de la prière juive dans un petit livret accessible au MJLF. Cet article en reprend des extraits. Merci à eux pour ce partage.

● Une première réponse, très simple, tient au principe d’égalité qui, très tôt dans l’histoire de la mouvance libérale, a constitué un pilier fondamental de notre manière d’envisager le judaïsme. Les hommes et les femmes ont les mêmes droits et devoirs religieux, et il n’est aucune exception à ce principe. Chacun peut donc s’asseoir où bon lui semble.

● Une réponse plus historique soulignera le fait suivant : bien que les femmes, dans les synagogues traditionnelles, soient séparées des hommes, le plus souvent reléguées à un étage, « au balcon », quand elles ne sont pas séparées de l’espace de la synagogue par un paravent physique (une méhitsa, « séparation »), aucune justification scripturaire ne peut être avancée pour justifier cet état de fait. L’argument généralement invoqué selon lequel les femmes troubleraient la quiétude de la prière par les éventuelles tentations qu’elles susciteraient chez les hommes nous apparaît comme particulièrement spécieux, voire dépréciatif pour les deux sexes.

● Par ailleurs, l’argument selon lequel la séparation entre les sexes aurait déjà existé dans les parvis du Second Temple est historiquement inexact. Il se trouve que, lors de la « Fête du puisement de l’eau » — l’un des moments forts de la fête de Soukkoth au temps de l’existence du Temple –, les rabbins demandèrent une certaine année d’ériger une balustrade entre les hommes et les femmes, afin d’éviter toute frivolité. Cette séparation sur le parvis du Temple fut cependant toujours temporaire et limitée à la durée de la fête. Concernant les sources scripturaires, l’assertion qu’une telle séparation serait ordonnée par la Torah est donc sans aucun fondement.

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Une femme peut-elle porter le taleth ?

Le Taleth est un symbole important dans la tradition juive. Le Rabbin Yann Boissière et la commission « affirmer notre identité » ont voulu partager leur approche de la prière juive dans un petit livret accessible au MJLF. Cet article en reprend des extraits. Merci à eux pour ce partage.

● Le taleth est un châle de prière. Outre que le porter est un commandement de la Torah (Nbr. 15, 37-41 ; Deut. 22, 12), sa signification est hautement symbolique, car ses franges rituelles (appelées « tsitsith ») nouées aux quatre coins représentent les mitsvoth (« commandements »). Se revêtir du taleth, c’est donc manifester de façon très concrète son acceptation des enseignements du judaïsme.

● Selon un principe soutenu par le judaïsme traditionnel (et contesté par les mouvements libéraux), les femmes seraient exemptes de tous les commandements positifs (les commandements de la forme « tu feras ») liés à un temps précis. Le port du taleth fait partie de cette catégorie de commandements et, à ce titre, les femmes en seraient dispensées. En pratique, les femmes ne portent pas le taleth dans les synagogues traditionnelles – notons au passage que « l’exemption » s’est muée, ici comme en de nombreux autres domaines, et de façon tout à fait indue, en « exclusion ».

● En revanche, dans les synagogues libérales, et appliquant en cela le principe d’égalité qui est un des piliers des mouvements libéraux, les femmes peuvent porter le taleth si elles le souhaitent (de même que la kippa, de même que les tefillines).